Publié le 15 août 2025 par Elodie Santos
vaches

Acheter une barquette de viande ou une douzaine d’œufs ne sera plus un geste anodin. En suisse, depuis le 1er juillet 2025, les produits d’origine animale issus de pratiques jugées douloureuses doivent désormais afficher clairement cette information sur l’emballage. Il s’agit d’une décision du Conseil fédéral suisse. Objectif : permettre aux consommateurs de faire leurs achats en toute connaissance de cause.

Des actes souvent invisibles… jusqu’à maintenant

On parle ici de coupes, mutilations ou manipulations pratiquées sans anesthésie sur les animaux d’élevage. Des gestes encore fréquents, surtout à l’étranger, même s’ils sont interdits en Suisse. Le problème, c’est qu’ils restaient souvent hors du champ de vision du public. Le nouvel étiquetage vient combler ce vide.

Sont notamment concernés :

  • Les bœufs castrés ou écornés à vif
  • Les porcs à qui l’on coupe la queue ou les dents sans anesthésie
  • Les poules dont le bec est tranché
  • Les grenouilles dont les cuisses sont prélevées sans étourdissement
  • Le lait de vache provenant d’animaux écornés sans anesthésie
  • Le foie gras issu de canards ou d’oies gavés

Jusqu’ici, rien n’obligeait les producteurs à indiquer ce type d’informations. Seuls quelques labels volontaires évoquaient parfois le bien-être animal. Désormais, tous les établissements qui vendent ces produits – du restaurant au supermarché – sont concernés par l’obligation d’affichage.

Une mesure pour plus de transparence

Ce nouveau cadre légal s’appuie sur un principe simple : le droit à l’information du consommateur. Le gouvernement suisse veut que chacun sache ce qu’il achète et comment cela a été produit.

La mesure vise aussi à mettre fin à une certaine hypocrisie. Car si les pratiques les plus cruelles sont interdites en Suisse, rien n’empêchait jusqu’à présent d’importer des produits issus de ces méthodes. Résultat : des cuisses de grenouilles ou du foie gras nourrissaient les rayons… sans mention sur leur origine.

Avec cette nouvelle règle, les choses deviennent plus claires. Un produit issu d’une pratique douloureuse devra le mentionner, qu’il soit suisse ou étranger.

Un délai de deux ans pour s’adapter

La mesure est en vigueur depuis le 1er juillet, mais un délai transitoire de deux ans a été accordé. Cela permet aux commerces, restaurants et fournisseurs de mettre à jour leur chaîne d’approvisionnement et de revoir leur étiquetage.

Les entreprises devront vérifier elles-mêmes si leurs produits entrent dans le champ de la nouvelle réglementation. Un système d’autocontrôle sera donc mis en place, avec à la clé des contrôles et des sanctions en cas de manquement.

La fourrure dans le viseur aussi

L’autre secteur touché par cette vague de transparence, c’est la fourrure. Elle fait elle aussi l’objet d’une réforme. Depuis le 1er juillet, l’importation de fourrures issues de pratiques cruelles est interdite. Les vendeurs devront prouver que les articles proposés n’impliquent pas de mauvais traitements.

Concrètement, ça veut dire plus d’étiquettes vagues ou incomplètes. Finies les simples mentions du type "origine : Asie" ou "renard". Les marques devront indiquer l'espèce, la provenance exacte, mais surtout la méthode de production. En 2023, environ 60 % des points de vente n’étaient pas en règle. Le Conseil fédéral veut clairement mettre fin à ce flou.

Un tournant, pas une interdiction

Il faut le préciser : cette nouvelle réglementation n’interdit pas les pratiques douloureuses. Elle les rend visibles. Et c’est sans doute là sa force. En affichant clairement la réalité, elle laisse le choix au consommateur. À lui de décider s’il souhaite ou non acheter un produit qui implique de la souffrance animale.

C’est aussi un signal fort envoyé à l’industrie agroalimentaire. À terme, si les clients se détournent de ces produits, les producteurs devront s’adapter. L’étiquetage devient ainsi un outil de pression douce, mais potentiellement puissant.

👉 Et si vous deveniez acteur du changement ?

Informer, c’est déjà un premier pas. Mais signaler, c’est agir. Si vous êtes témoin de maltraitance animale, un nouveau numéro d’urgence a été mis en place en France : le 36 77. Gratuit et accessible à tous, il permet de signaler rapidement des situations de souffrance.