Publié le 20 novembre 2025 par Manon Giroux
Croissance des énergies renouvelables en ralentissement : l’objectif de tripler les capacités d’ici 2030 compromis

En 2023, l’accord final de la COP 28 de Dubaï, avait fixé l’objectif de tripler les capacités mondiales en énergies renouvelables d’ici 2030. Mais, “les changements de politique, de réglementation et de marché” observés depuis octobre 2024 dans certains États comme la Chine et les États Unis ont mené au retardement de ces prévisions. On vous explique.

Aux États-Unis, le recul des investissements

Depuis le retour de Donald Trump à la présidence en janvier 2025, les États-Unis ont observé une réduction des investissements dans les énergies renouvelables. L’administration a en effet abrogé des crédits d’impôt fédéraux, imposé des restrictions sur les importations liées à la Chine et facilité l’exploitation des énergies fossiles. 

Ces mesures ont entraîné l'annulation de projets d'une valeur de 18,6 milliards de dollars, contre 827 millions en 2024, et ont provoqué la faillite de plus de dix entreprises du secteur. Face à cela, l'Agence Internationale de Energies a divisé de moitié ses prévisions de l'année passée pour le marché américain. 📈

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En Chine, un succès en matière de capacité mais des défis d’intégration

Bien que la Chine ait installé 357 GW d’énergies renouvelables en 2024 et ait dépassé son objectif de 1200 GW pour 2030 avec six ans d’avance, ces sources ne représentaient que 22,5 % de la production d’électricité au premier trimestre 2025. Cela s’explique notamment par la modifications des modèles d’achat qui sont passés d’un système de tarifs réglementés à un système d’enchères. C’est un changement qui, selon l’AIE, “a affecté la rentabilité des projets”.

Par ailleurs, il faut rappeler que le gouvernement chinois accorde une importance de plus en plus importante au charbon, qui est considéré comme une sécurité pour l'énergie nationale. En effet,  le charbon est une ressource abondante, locale et peu coûteuse en Chine et est considéré comme une solution pour répondre à la hausse de la demande énergétique.

💡 Le saviez-vous ? La Chine est de loin le principal acteur mondial du charbon. En 2023, elle a représenté plus de la moitié de la production mondiale (51,8 %) et près de 56 % de la consommation totale à elle seule.

En Europe, la Grèce comme exemple de défis locaux

En Europe, le déploiement des énergies renouvelables peut aussi être confronté à des obstacles, mais à des échelles déjà plus locales. Comme exemple, prenons la Grèce qui vise 80 % de production électrique à partir de sources renouvelables d’ici 2030, et doit composer avec :

  • une administration lente et et parfois complexe,
  • des réseaux électriques vieillissants,
  • et des résistances locales. 

Certains projets photovoltaïques ont en effet été gelés en raison de l’opposition des communautés locales et des acteurs économiques, et les investissements dans les énergies fossiles persistent parallèlement aux projets verts. Mais contrairement aux États-Unis ou à la Chine, les difficultés de la Grèce sont limitées à un contexte national. Elles ne traduisent pas réellement un ralentissement global des énergies renouvelables, même si bien entendu chaque pays joue son rôle dans le développement énergétique mondial. 🌍

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Face à ces changements, l’Agence internationale de l’énergie a révisé ses prévisions de croissance des énergies renouvelables à la baisse (inférieures de 5 % par rapport à l’an dernier). Désormais, l’AIE estime que la capacité mondiale ne dépassera que 2,6 fois son niveau de 2022 d’ici 2030, contre des projections plus optimistes l’année précédente. Finalement, l’augmentation prévue en termes de gigawatts (GW) est aujourd’hui de 4 600 GW ​​”soit environ l’équivalent de la capacité de production totale de la Chine, de l’Union européenne et du Japon réunis”, selon l’AIE.