Publié le 10 octobre 2023 par Claire Garcés
Plateforme de seconde main de Zara

Ce ne sont pas les ballerines ou l’association claquettes/chaussettes qui sont le fléau de la mode, mais bel et bien la production et la consommation de masse qui touche ce secteur. Générant 4 milliards de tonnes de CO2 par an, l’industrie textile est aussi la troisième consommatrice en eau au monde, après les cultures de riz et de blé. Face à l’ampleur du phénomène, certaines enseignes tentent de faire un effort pour la planète. C’est le cas de Zara qui a ouvert sa plateforme de seconde main. Mais, beaucoup se méfient des intentions réelles de ce géant de la fast fashion. Bonne nouvelle ou Greenwashing ? Parlons planète vous emmène dans les dessous de la mode.

Le service de seconde main proposé par Zara

Zara, l’enseigne phare de l’habillement du leader espagnol Inditex, a ouvert récemment une plateforme de seconde main, “Pre-Owned”, permettant “la réutilisation et le recyclage des vêtements usagés”. L’expérience de seconde main proposée par Zara se décline en trois services: la réparation, le don et la revente de vêtements. Ces services sont disponibles en France depuis le 7 septembre 2023, en magasins mais aussi en ligne.

En plus de vendre et acheter vos vêtements, vous pouvez donc réparer vos articles usagés pour continuer à les porter, mais aussi faire don de tous ceux que vous ne portez plus. En partenariat avec l’organisation de collecte de dons et recyclage Le Relais, présente sur l’Hexagone, Zara invite à adopter une démarche éco-responsable. L’enseigne dit s’engager à apporter une “aide sociale” en collaborant avec des organisations à but non lucratif.

Mais ces démarches sont-elles vraiment green ?

A première vue, la démarche paraît louable, d’autant plus Zara a pour but d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2040.

Compte-t-elle réellement y arriver ? Le rythme effréné que suit la production des collections de la fast-fashion nous fait douter quant à cet objectif. En effet, l’Ademe confirmait en 2022 dans une exposition sur l’industrie textile que nous sommes passés, en Europe, de 2 collections par an en 2000 à 24 collections par an, vingt ans plus tard.

Bien que Zara prône la circularité à travers le développement de sa nouvelle plateforme, nombre de ses pratiques nous donnent à réfléchir. Comment une structure telle que Zara projette une expérience durable et écologique alors qu’elle continue de produire toujours plus d’articles et de nouvelles collections ? Les services proposés sont-ils vraiment éco-responsables ?

Difficile à dire. Le nouveau service de seconde main et de revente (Zara resell) apparaît sur le même site internet que la collection principale, ce qui crée une confusion entre les produits neufs et de seconde main.

Une confusion entetenue au long du processus d’achat. Par exemple, les photos des vêtements de seconde main mis à la vente n’apparaissent qu’après avoir cliqué sur l’article. En fait, le consommateur voit en premier la photo du vêtement issu du catalogue de Zara, ce qui donne l’impression d’acheter un produit neuf. Tout compte fait, derrière cette initiative en apparence “green” pourrait se cacher une stratégie de marketing qui invite aussi à l’achat de vêtements neufs et tend à fidéliser les clients.

Face à ces plateformes de seconde main émergentes, des structures solidaires et militantes telles que Label Emmaüs se montrent sceptiques. La directrice de l’organisation, Maud Sarda, commente sur le réseau Linkedin “[...] rappelons-nous que la seconde main peut être synonyme de sobriété et solidarité” et dénonce la transformation de la seconde main en un “nouvel eldorado économique”. En effet, ce nouveau marché mondial estimé à 105 milliards d’euros est accaparé par des groupes tels qu’Inditex. Dès lors, s’agit-il d’un acte de greenwashing ou d’une démarche sincèrement éco-responsable ? A vous de trancher.

Comment réduire l’empreinte carbone de sa garde robe ?

Si Zara a lancé sa plateforme de seconde main, c’est loin d’être la seule option des consommateurs. Mais alors, comment passer de la fast-fashion à une mode durable ? Si vous souhaitez réduire l’impact environnemental de votre vestiaire, voici quelques options intéressantes:

  • Aventurez-vous dans les friperies et dénichez des pièces uniques
  • Dédiez un dimanche après-midi à visiter le vide grenier de votre quartier, le pantalon de vos rêves s’y trouve peut-être…
  • Organisez un troc entre amis et échangez les vêtements qui dorment au fond de votre armoire
  • Vous cherchez une tenue en vue d’une occasion spéciale ? Si vous n’allez la porter qu’une fois, louez-la! Les boutiques de location de tenues sont une alternative éco-responsable et économique

Tout compte fait, l’important est d'examiner vos besoins et de vous questionner sur les conditions de production des articles que vous convoitez. N’oublions pas que la seconde main présente de nombreux avantages. En plus de limiter votre impact sur l'environnement, vous pouvez faire de bonnes affaires et trouver des pépites que personne d’autre ne porte ! Un style unique et plus vert.