Publié le 24 septembre 2025 par Manon Giroux
À Paris, ces faux immeubles ne sont en fait que des façades et cachent une source de pollution

Les parisiens passants ne remarquent même pas ces faux immeubles tant ils se fondent dans le paysage des rues parisiennes. Ils sont pourtant nombreux à se hisser parmi les vrais d’entre eux. Derrière leurs façades similaires à leurs semblables, ce sont en fait des bouches d’aération de la RATP qui se cachent. Et elles ne sont pas anodines comme l’avait révélé l’association Respire : ces grandes aérations sont d'importantes sources de pollution pour la ville de Paris. Parlons Planète vous explique cela aujourd’hui. 🚞

Quand le faux se fond dans le décor parisien

À Paris, ces fausses façades sont disséminées dans plusieurs arrondissements. Elles ne sont pas là pour faire joli, mais pour cacher des infrastructures techniques, notamment des bouches de ventilation du métro ou du RER, dissimulées pour ne pas heurter l’esthétique urbaine. 🌇

Parmi les exemples les plus emblématiques, on trouve le 145 rue La Fayette, dans le 10ᵉ arrondissement. Cet ancien immeuble a été entièrement vidé, mais sa façade d’origine a été conservée pour masquer une imposante bouche d’aération du RER B. La RATP, qui en est propriétaire, a voulu que ces équipements s’intègrent à l’architecture parisienne. Résultat : des fausses portes en fer peintes couleur bois, sans poignée ni digicode, et des panneaux d’interdiction de stationner en guise d’unique indice. D’autres adresses sont aussi concernées :

  • 44 rue d’Aboukir (2ᵉ) : puits de ventilation
  • 3 rue de l’Aqueduc (10ᵉ) : seule la façade du premier étage est factice, le reste du bâtiment est occupé
  • 174 rue du Faubourg-Saint-Denis (10ᵉ) : ventilation du RER E
  • 54 rue des Petites Écuries (10ᵉ) : bouche d’aération du RER D et
  • 141 boulevard Diderot : autre exemple de dissimulation urbaine
  • 29 rue Quincampoix (4ᵉ) : cheminée de ventilation recouverte d’un véritable trompe-l’œil, liée à la voirie souterraine des Halles
  • 1 bis rue Chapon (3ᵉ), c’est une bouche d’évacuation dissimulée de manière artistique par des artistes

À la frontière entre le trompe-l’œil urbain et la nécessité technique, ces façades montrent comment Paris sait jouer avec ses propres codes architecturaux, pour mieux dissimuler ce qu'elle ne veut pas exposer.  👀

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L’impact environnemental derrière ces façades 

Si la ville de Paris ne souhaite pas mettre la lumière sur ces bouches d'aérations, c’est certes un gage esthétique, mais pas seulement. C’est en tout cas ce qu’avait révélé l’association Respire dans une étude dédiée aux bouches d’aérations et leur impact sur l’environnement avec la pollution qu’elles engendrent. Selon les dires de l’asso, “la pollution aux particules (PM10, PM2,5 et PM1) est deux fois plus élevée aux abords des bouches d’aération que dans l’air extérieur urbain.”

Pendant 1 an, entre octobre 2021 et octobre 2022, l’asso dont le slogan engagée est “Améliorons la qualité de l’air”, mesure la qualité de l’air au-dessus de ces bouches et constate que les particules étudiées sont en effet deux fois plus présentes au dessus des aérations que dans l’air urbain exterieur, mais aussi que “les dépassements atteignent parfois jusqu’à dix fois les valeurs de l’air extérieur, sur certaines tailles de particules fines (2 à 3 μm).”

Les préconisations de l’association

Face à cette problématique, l’association Respire a donné plusieurs préconisations qu’il serait bon de considérer pour diminuer la pollution présente dans l’air à Paris, notamment au-dessus de ces bouches de ventilation. 

Elle recommande d’abord d’informer et de sensibiliser la population aux dangers de cette pollution invisible mais nocive, en installant des panneaux d’avertissement et en restreignant l’accès aux bouches d’aération situées dans l’espace public. Respire insiste également sur la nécessité d’amplifier les politiques de réduction des émissions dans les enceintes ferroviaires souterraines, via un meilleur suivi de la qualité de l’air, la modernisation des trains, des systèmes de freinage moins polluants et l’amélioration de la ventilation. 🍃

Au-delà de cela, l’association plaide aussi pour l’inscription dans la loi de seuils limites d’exposition aux particules dans l’air intérieur des transports souterrains et de tous les établissements recevant du public. Enfin, elle appelle à une étude nationale sur les effets sanitaires d’une exposition de courte durée à cette pollution, particulièrement préoccupante dans une métropole dense comme Paris.