Chaque année, le Réseau Ours Brun coordonné porté par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) publie un rapport sur la croissance démographique des ours dans les Pyrénées françaises, espagnoles et la région d’Andore. Au cours de l’année 2024, 96 ours (minimum) ont été recensés par les chercheurs. Parmi cette petite centaine 22 naissances ! 🐻
Une espèce complexe à recenser
Depuis 2003, la population des plantigrades ne cesse de se développer alors qu’elle était plutôt à la stagnation entre 1995 (année où les ours ont été introduits dans le massif) et 2002. En nombre, c’est environ 11% d’ours qui sont recensés chaque année.
Même si, tous les ans, c’est un profond travail de terrain qui est mené pour recueillir les preuves de leur présence, c’est un nombre approximatif qui est révélé du fait de leur grande discrétion.
Pour les recenser et les identifier, les chercheurs suivent des indices comme les poils qu’ils laissent sur leur passage, les images captées par les pièges photographiques installés, les excréments qu’ils font, les traces de pas qu’ils dessinent sur le sol, mais aussi les rencontres directes entre les hommes et les bêtes (beaucoup plus rares).
C’est ensuite grâce à une modélisation mathématique, élaborée en collaboration avec le CNRS, que les analyses génétiques sont menées afin de les différencier entre eux. Aujourd’hui, les chercheurs estiment qu’il y aurait entre 97 et 123 individus, avec un degré de certitude de 95 %, puisque chaque année, une part de la population échappe à la détection. 🐾
Une augmentation démographique couplée à une diminution de diversité génétique
La croissance démographique ne peut témoigner à elle seule du bon état de conservation de l’espèce. En réalité, la population d’ours du massif est menacée par sa faible diversité génétique. 🧬 Les experts révèlent en effet que la consanguinité étudiée “pourrait potentiellement altérer la dynamique de développement de l’espèce dans les années futures".
Pour vous donner une idée : le mammifère Pyros est l’ancêtre d’environ 90% des ours présents dans les Pyrénées. Celui-ci a été lâché à l’âge de 9 ans dans le massif, après plusieurs séries de reproductions dans les montagnes slovènes. 🏔️
Quels sont les risques de ce manque de diversité génétique pour les ours ?
À terme, ce manque de diversité génétique peut entraîner des effets délétères : une plus grande vulnérabilité face aux maladies, une baisse des capacités reproductives, ou encore l’apparition de malformations qui compromettent leur survie à long terme.
Des cas similaires ont déjà été documentés chez d’autres sous-populations européennes, comme celle des ours marsicains en Italie, une espèce aujourd’hui au bord de l’extinction. Dans les Pyrénées, des signes inquiétants apparaissent déjà. Le taux de consanguinité des oursons nés en 2024 dépasse pour la troisième année consécutive le seuil critique de 20 %, un chiffre qui alimente les inquiétudes des spécialistes.
Vingt-deux oursons ont vu le jour cette année dans les Pyrénées. Ces vingt-deux vies incarnent l’élan d’une nature qui, quand on lui laisse un peu de répit, sait retrouver son souffle. Ce chiffre record, c’est la promesse d’un avenir possible pour l’ours brun dans nos montagnes.
Mais, derrière ces naissances se cachent encore des menaces bien réelles : une diversité génétique en berne, des oursons issus de lignées trop proches, des individus tués sans être remplacés. Les associations appellent aujourd’hui à une vision sur le long terme, un plan à la hauteur des enjeux, un dialogue entre la science, le terrain et les institutions.
La liste des associations signataires :
Pays de l’Ours – Adet, Ferus, France Nature Environnement – Hautes-Pyrénées, FIEP – Groupe Ours Pyrénées, Comité Ecologique Ariégeois, Nature-Comminges, France Nature Environnement – Occitanie-Pyrénées, Animal Cross, Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN), Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM).
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