Publié le 5 juin 2025 par Elodie Santos
Loi anti fast fashion

Le 10 juin prochain, une nouvelle loi sur la fast fashion sera débattue au Sénat. L’objectif ? Réguler les pratiques des géants de la mode jetable comme Shein ou Temu, qui inondent le marché avec des vêtements à bas prix mais à fort coût écologique. Mais voilà : Shein n’entend pas se laisser faire. Et sa réponse fait parler.

Une campagne qui défend le porte-monnaie

Depuis fin avril, Shein déploie une campagne de pub massive en France. Affiches dans la rue, encarts dans les journaux, spots en ligne… Le message est clair : “La mode est un droit, pas un privilège.” Le slogan frappe fort. Et derrière, un discours bien rodé : selon la marque chinoise, cette loi anti fast fashion va rendre la mode moins accessible, surtout pour les plus modestes.

Pour porter ce message, Shein s’est entourée d’un poids lourd de la communication : l’agence Havas Paris. Ensemble, ils défendent une vision simple : la mode pas chère, c’est ce qui permet à beaucoup de gens de se vêtir dignement. En résumé : s’attaquer à Shein, ce serait s’attaquer au pouvoir d’achat.

Une loi pour freiner l’ultra-jetable

Côté législatif, les intentions sont tout autres. La loi en discussion vise à limiter l’impact social et environnemental de la fast fashion. Concrètement, elle pourrait introduire des pénalités pour les entreprises qui produisent trop, trop vite, sans se soucier des conséquences. Parmi les mesures proposées : taxes sur la surproduction, restriction de publicité pour ces marques, obligation de plus de transparence.

L’objectif ? Freiner un modèle basé sur la surconsommation, qui pollue énormément, gaspille des ressources, et repose souvent sur des conditions de travail dénoncées.


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Accessibilité contre responsabilité : le grand écart

Le cœur du débat est là : peut-on rendre la mode plus responsable, sans la rendre moins accessible ? Shein dit non. Ses opposants disent que c’est possible, mais que ça demande un changement en profondeur.

Derrière sa campagne, Shein adopte un ton militant. Elle parle d’inégalités, de démocratie textile, et même de menace pour les consommateurs les plus fragiles. On est loin des pubs flashy habituelles. Là, on joue sur l’émotion, sur la peur de perdre un droit : celui de s’habiller comme on veut, à petit prix.

Mais certains y voient surtout une tentative de détourner l’attention. Car Shein, malgré son succès, traîne une longue liste de critiques : pollution massive, production à la chaîne, manque de transparence, conditions de travail déplorables…

Le piège de la mode pas chère

La mode accessible, c’est important. Personne ne veut d’un monde où seuls les riches peuvent bien s’habiller. Mais à quel prix ? Quand un t-shirt coûte 3€, on peut se poser des questions : qui paie vraiment la différence ? Ce n’est pas le client, mais souvent le travailleur au bout de la chaîne. Et la planète, elle, paie aussi l’addition.

Face à ça, la loi anti fast fashion essaie de proposer une autre voie. Moins de gaspillage. Moins de production. Plus de réparabilité, plus de traçabilité. Mais cette transition, forcément, demande des efforts. Et elle peut inquiéter, surtout dans un contexte économique tendu.

Et maintenant ?

La vraie question, au fond, n’est pas “pour ou contre Shein”. C’est : quel modèle de mode voulons-nous ? Une mode rapide, jetable, pas chère… mais coûteuse pour la planète et les droits humains ? Ou une mode plus lente, plus durable, peut-être un peu plus chère, mais plus juste ?

Le 10 juin, le Sénat votera. La campagne de Shein, elle, aura semé le doute, comme prévu. Mais ce sont les citoyens, les consommateurs, qui ont aussi leur mot à dire. En choisissant où et comment ils achètent leurs vêtements.

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