Publié le 5 décembre 2025 par Elodie Santos
COP 30 : enjeux, objectifs et perspectives

La conférence des Parties (COP 30) s’est tenue du 10 au 22 novembre 2025 dans la ville de Belém, au nord du Brésil, au cœur du delta qui mène à la forêt amazonienne. Dix ans après l’adoption de l’Accord de Paris, cet événement organisé sous l’égide des Nations unies devait marquer un tournant dans la lutte contre le changement climatique. Mais la conférence de Belém a surtout mis en lumière les blocages persistants de la politique climatique mondiale. Voici les points à retenir.

Belém, une ville symbole des défis de l'Amazonie

Choisir Belém comme hôte de la COP n’était pas un hasard. La ville est la porte d’entrée de l’Amazonie, un écosystème vital pour la stabilité du climat mondial. Le cadre avait une force symbolique : rappeler que protéger les forêts, en particulier la forêt amazonienne, reste essentiel pour limiter le réchauffement climatique.

Mais le contexte international s’annonçait déjà fragile : tensions géopolitiques et ralentissement des efforts climatiques dans plusieurs grands pays. L’absence d’un leadership clair au niveau mondial s’est fait sentir dans les salles de négociation.

Un accord « a minima » : pas de sortie des énergies fossiles

C’était le sujet brûlant. L’enjeu central. Celui qui devait marquer un tournant : acter enfin la sortie progressive des énergies fossiles, responsables de 80 % des gaz à effet de serre émis dans le monde.

Pourtant, le texte final n’en fait aucune mention directe. Les États favorables à une sortie claire du pétrole, du charbon et du gaz, dont l’Union européenne, plusieurs pays latino-américains, des petits États insulaires et la France, ont dû accepter un compromis minimal.

Au final, la COP 30 ne rappelle qu’indirectement le consensus trouvé lors des précédentes discussions sur la transition énergétique.

Aucune feuille de route précise.

Aucun calendrier.

Uniquement un appel à des efforts… volontaires.

Pour ceux qui espéraient un moment historique dix ans après l’Accord de Paris, la déception est forte.

Des engagements nationaux très insuffisants

L’un des objectifs clés de cette COP était la révision des contributions déterminées au niveau national (CDN). Ces dernières, actualisées tous les cinq ans conformément à l’Accord de Paris, incarnent les efforts déployés par chaque pays pour réduire ses émissions nationales et s'adapter aux effets du changement climatique.

Mais la réalité est brutale :

  • plus de 80 pays sont arrivés à Belém sans engagement climatique actualisé ;
  • seuls 10 signataires avaient soumis une stratégie complète avant la date limite ;
  • la réduction des émissions prévue est loin des besoins scientifiques.

Selon les estimations de l’ONU, cette trajectoire mène le monde vers +2,3 à +2,5 °C, voire +2,8 °C en tenant compte des politiques réelles.

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Une avancée notable de la COP30 : plus de moyens débloqués pour l’adaptation

Si l’ambition climatique globale déçoit, un élément marque tout de même une progression : les financements pour l’adaptation.

Un triplement des financements

Le texte prévoit d’atteindre 120 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour aider les pays les plus fragiles à faire face :

  • montée des eaux,
  • sécheresses,
  • perte de biodiversité,
  • impacts économiques liés aux changements climatiques.

Toutefois, cette hausse se fait sans élargir l’enveloppe totale des financements climat. Ce n’est donc pas une augmentation nette, mais une redistribution interne.

La France, qui reste l’un des premiers contributeurs mondiaux, a souligné l’importance de cet effort, tout en appelant les grands émetteurs à participer davantage.

Et maintenant ? Cap sur la COP 31 en 2026

Deux grandes réunions internationales auront lieu en 2026 pour évaluer les efforts volontaires de sortie des fossiles. Un rapport sera présenté à la COP31, organisée en Turquie sous présidence diplomatique australienne.

La France, bientôt à la tête du G7, souhaite pousser une feuille de route claire pour sortir des énergies fossiles et respecter l’esprit de l’Accord de Paris.