Publié le 12 octobre 2025 par Manon Giroux
Sur l'île de Poros, en Grèce, un projet d'extension de pisciculture rejeté au nom de l’environnement

En 2022, l’aquaculture mondiale a surpassé toutes les autres formes de pêches avec plus 130,9 millions de tonnes d'espèce produites et extraites des cultures aquatiques. Dans le monde, les mers et océans bordant le continent asiatique sont leaders du secteur, avec 60 % de la production mondiale des produits de la mer d'élevage. Mais qu’en est il de la zone méditerranéenne ? Même si l’aquaculture reste l’un des modes de pêche les moins dévastateurs et les plus favorisés, le gouvernement grecque semble quand même divisé sur le sujet. Le rejet d’un projet au large de l'île de Paros dans les Cyclades, en témoigne. Parlons Planète vous explique. 🇬🇷

Qu’est-ce que l’aquaculture ? Quelle est la différence entre l’aquaculture et la pisciculture ?

L’aquaculture et la pisciculture sont des pratiques vouées à l’élevage d'organismes aquatiques dans l’eau douce et dans l’eau salée, que ce soit dans les étangs, dans les rivières, ou dans la mer au large des côtes terrestres. C’est dans des environnements adaptés et délimités que l’aquaculture est exercée afin de permettre le développement et la survie de la flore et la faune aquatique qui est élevée dans ces milieux. 🪸

Le terme aquaculture est en fait le plus général puisqu’il regroupe toutes les pratiques d'aquaculture, dont la pisciculture fait partie intégrante.

💡Le saviez-vous ? Contrairement aux autres formes d’aquaculture, la pisciculture ne concerne que les poissons.

La pisciculture, une alternative précieuse à la pêche traditionnelle ?

Une pression croissante pèse sur les ressources marines. Dans ce contexte, la pisciculture se révèle comme l'une des solutions les plus durables pour nourrir la population mondiale. La pisciculture joue un rôle important dans la préservation des stocks naturels de poissons. Son principe qui vise à produire des espèces en captivité contribue à réduire la pression exercée sur les milieux sauvages menacés par la surexploitation. De plus, l’élevage piscicole implique une maîtrise rigoureuse de l’environnement. Lorsqu’elle est bien réalisée, tout est millimétré :

  • la qualité de l’eau vérifiée,
  • l’alimentation dosée,
  • et la reproduction contrôlée.

Le contrôle est ce qui fait la richesse de cette ressource puisqu'il garantit une production régulière, stable et plus prévisible que la pêche en mer, qui en plus d’être beaucoup plus dévastatrice est soumise à de nombreux aléas comme la météo, la migration des espèces ou encore la pollution. 🌞


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L’aquaculture en Méditerranée

Au sein de la mer Méditerranée également, la pisciculture est très pratiquée. Pour vous donner une idée, les pays comme la Turquie, la Grèce, l’Italie et l’Espagne, produisent à eux-seuls 82% des espèces dans leur pisciculture dans la région méditerranéenne.

Sur l'île de Poros, un projet d'extension de pisciculture rejeté par le ministère de l’environnement 🇬🇷

Depuis des années, l’ONG Katheti et la fondation américaine Rauch veulent informer sur les conséquences parfois oubliées de la pisciculture pour les écosystèmes sensibles, comme ceux dans la mer au large de Poros, qui est aujourd'hui un refuge pour de nombreuses espèces marines. Au sein des rivages environnants l'île de Poros se sont développés quatre grands bassins voués à la pisciculture depuis le début des années 90.

Il y a quelque temps, l’entité Avramar s’est manifestée avec l’intention d’élargir ces parcs sur 1 quart des côtes autour de l'île, afin de multiplier la production de daurade et de bars par huit. Mais le 8 août dernier, le Conseil central sur les litiges en matière d'urbanisme du ministère de l’environnement grecque, soutenu par non moins de “90 % des habitants qui étaient déjà opposés à ce projet depuis des années” a unanimement répondu non à la réalisation de ce projet.

Les réalités cachés derrière la pisciculture

Ce sont des études menées et des faits constatés qui ont mené les pouvoirs publics à adopter cette décision négative. Parmi les menaces pour la vie marine et la posidonie (plante marine protégée), on peut notamment compter, selon Le Monde : “l’accumulation de déchets, d’excréments de poissons ou même de poissons morts, riches en azote,” le tout accompagné de grandes quantités de microplastiques. 🐠

Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que même si en terme de respect environnemental la pisciculture se positionne bien au-dessus des méthodes de pêche comme le chalutage de fond, elle reste tout de même un danger pour les écosystèmes les plus fragiles, surtout si elle est intensive. Dans le contexte de piscicultures mal contrôlées, plusieurs problèmes comme la pollution des eaux par les déchets organiques, la propagation de maladies aux poissons sauvages, et l’usage de produits chimiques (antibiotiques, pesticides), peuvent survenir. D’un autre côté, les poissons échappés peuvent aussi perturber les écosystèmes naturels. Cela est sans compter que les conditions d’élevage amènent aussi à se poser des questions plus éthiques sur le bien-être animal. 🐚


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