Et si la solution à la pénurie mondiale d’eau se trouvait… dans l’air ?
C’est le pari de Kumulus Water, une start-up franco-tunisienne fondée par Iheb Triki et Mohamed Ali Abid. Leur idée : capter l’humidité de l’atmosphère et la transformer en eau potable, grâce à des machines autonomes. Une technologie à la fois écologique et sociale, qui séduit investisseurs, collectivités et entreprises à travers plusieurs continents.
Une ressource invisible, mais immense
On ne le sait pas toujours, mais l’air que nous respirons contient une réserve d’eau gigantesque. Selon les scientifiques, il y aurait six fois plus d’eau dans l’atmosphère que dans toutes les rivières réunies. Kumulus a choisi d’exploiter ce trésor caché.
Comment ? Kumulus water a créé une “fontaine” moderne qui fonctionne comme suit :
- la machine aspire l’air,
- condense l’humidité,
- filtre l’eau à plusieurs reprises,
- puis la minéralise pour qu’elle soit potable.
Le résultat est une eau potable à partir de l’air, fraîche et consommable immédiatement. Produite le jour même, cette eau ne contient ni microplastiques, ni PFAS, contrairement à beaucoup d’eaux en bouteille.
Des machines capables de produire des centaines de litres d’eau par jour
La force de Kumulus réside dans la modularité de ses solutions. Les petites unités fournissent quelques dizaines de litres pour une école ou un bureau. Les plus grandes sont capables de produire de 1 000 à 3 000 litres d’eau potable par jour, de quoi alimenter des usines, des hôtels ou même des exploitations agricoles.
Ces machines sont conçues pour fonctionner même dans des régions où les infrastructures d’eau potable sont absentes ou défaillantes. Et grâce à l’énergie solaire, elles peuvent tourner sans dépendre du réseau électrique.
Réduire la dépendance aux bouteilles en plastique
La promesse de Kumulus n’est pas seulement de rendre l’eau potable plus accessible. C’est aussi de réduire notre dépendance aux bouteilles en plastique.
Dans une usine automobile de Barcelone, par exemple, des centaines de litres d’eau embouteillée étaient consommés chaque jour par les ouvriers. Aujourd’hui, quelques machines Kumulus suffisent à répondre à la demande. Résultat : moins de déchets, moins de logistique, et jusqu’à 50 % d’économies.
Une levée de fonds pour changer d’échelle
En juin 2025, Kumulus Water a annoncé une levée de fonds de 3,5 millions de dollars. Parmi les soutiens : Bpifrance, mais aussi des fonds de capital-risque européens et nord-africains. Cet argent permettra d’étendre le déploiement des machines en France, en Espagne, en Tunisie et en Arabie Saoudite.
Mais l’ambition ne s’arrête pas là. D’ici 2026, Kumulus prévoit de lancer le Titan, une unité industrielle capable de produire plusieurs milliers de litres d’eau potable par jour. Une innovation qui pourrait changer la donne pour l’agriculture, un secteur particulièrement menacé par le stress hydrique.
Humanitaire et politique : l’autre visage de Kumulus
Si Kumulus séduit les investisseurs, la start-up n’oublie pas sa vocation sociale. En Tunisie, près d’un quart des écoles n’ont pas d’accès régulier à une eau propre. Avec le soutien de grandes entreprises et d’ambassades, plus de 22 machines ont déjà été installées dans 7 établissements scolaires, offrant une eau sûre à 1500 enfants chaque jour.
Et la France dans tout ça ?
« L’eau du robinet est déjà très bonne à Paris, Marseille ou Nice », reconnaît Iheb Triki. C’est pourquoi la France n’est pas, pour l’instant, un marché prioritaire. Mais certaines régions échappent à cette règle. « Nous visons plutôt Bordeaux, où l’eau est de très mauvaise qualité, ou encore les îles comme Porquerolles », explique le cofondateur.
L’avenir pourrait donc rebattre les cartes. Avec le stress hydrique croissant, la France pourrait elle aussi avoir besoin d’unités capables de produire de l’eau potable à partir de l’air.
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