En 2025, une start-up américaine, Colossal Biosciences, a annoncé la naissance de trois louveteaux issus d’une espèce disparue depuis plus de 10 000 ans : le loup géant, aussi connu sous le nom de loup sinistre (Canis dirus). Une prouesse génétique, mais qui soulève aussi bien des questions. On vous explique.
Le retour d’un animal colossal
Romulus, Remus et Khaleesi. Ce sont les noms choisis pour ces loups géants, nés dans une réserve secrète aux États-Unis. À l’âge adulte, ils pèseront environ 65 kg, bien plus que le loup gris classique. Leur allure imposante rappelle celle d’une époque révolue, où les loups sinistres régnaient sur les plaines glaciaires aux côtés du mammouth laineux.
Mais ces animaux sont-ils vraiment les mêmes que leurs ancêtres d’il y a 10 000 ans ? Pas tout à fait.
De la science, pas de la magie
Pour les créer, les scientifiques de Colossal ne sont pas partis de rien. Ils ont utilisé l’ADN d’un loup gris (Canis lupus), une espèce encore bien présente aujourd’hui. Grâce à deux fragments fossiles – une dent vieille de 13 000 ans et un os de l’oreille datant de 72 000 ans – ils ont comparé les génomes et identifié des gènes à modifier pour obtenir une version plus proche du loup sinistre.
En tout, seulement 14 gènes sur les 19 000 que compte un loup ont été modifiés. Ce n’est donc pas une véritable espèce disparue qu’on fait revivre, mais une version revisitée du loup gris, modifiée pour ressembler au loup géant.
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Une prouesse technique… et un coup marketing ?
Il faut le reconnaître : modifier l’ADN d’un animal pour lui donner l’apparence d’un autre disparu est un exploit scientifique. Peu de laboratoires dans le monde en sont capables. Mais Colossal Biosciences ne se contente pas de science. L’entreprise mise aussi beaucoup sur la communication.
Donner à ces loups des noms de légende, comme dans Game of Thrones, publier des vidéos léchées, faire croire à un retour du passé… tout cela fait partie d’une stratégie de storytelling bien pensée. Car derrière l’image du loup préhistorique ressuscité, c’est aussi une entreprise évaluée à plusieurs milliards de dollars qui cherche à séduire investisseurs et grand public.
Colossal Biosciences ne cache pas son ambition : faire revenir les espèces perdues. Après le loup géant, l’entreprise vise le dodo, une espèce d'oiseaux de l'ordre des Columbiformes, le tigre de Tasmanie… et bien sûr, le mammouth laineux.
Et le mammouth laineux, justement ?
Il y a quelques mois, Colossal annonçait avoir franchi une étape importante vers le retour du mammouth laineux… en créant des souris laineuses. Oui, des souris. Leur génome avait été modifié pour activer certains gènes du mammouth, notamment ceux responsables de la pilosité adaptée au froid.
L’idée ? Tester les effets de ces gènes avant de les transférer à des éléphants.
Là encore, on touche aux limites de la démarche : peut-on vraiment faire revivre une espèce en greffant quelques gènes sur une autre ? Ces souris laineuses, comme les loups géants, ne sont pas des retours à la nature, mais des créations de laboratoire.