Publié le 15 juin 2025 par Manon Giroux
Super coraux thermorésistants

Les récifs coralliens du monde entier (de la Grande barrière de corail située au large de l'Australie aux Seychelles au large de l'Afrique de l'Est) sont sérieusement menacés. Mais, dans l’atoll de tatakoto à 1000 kilomètres de tahiti, des chercheurs — soutenus par l’UNESCO — ont récemment fait une découverte qui pourrait peut-être les restaurer : des super coraux thermorésistants. 🪸 

Pourquoi les coraux sont-ils menacés d’extinction ?

L’UNESCO avait révélé dans une étude de 2017 que les récifs coralliens du monde entier pourraient disparaître d’ici 2050, si la neutralité carbone n’était pas atteinte à temps. Les activités humaines — comme la surpêche, la pêche destructrice, le tourisme non durable, le commerce vivant pour les aquariums — sont les principales causes du déclin des différentes espèces de coraux dans le monde.

En nombre, c’est près de 90% des récifs coralliens qui pourraient mourir au cours des prochaines années. Si cela venait à se produire, ça pourrait mettre en péril la biodiversité marine, mais aussi les moyens de subsistance de millions de personnes qui en dépendent.

Ces super coraux qui résistent à la chaleur : un espoir pour les océans

Depuis trois ans, Laetitia Hédouin, directrice de recherches au CNRS, mène des expéditions dans l’atoll de Tatakoto, en collaboration avec l’UNESCO, le Labex Corail et l’Université de la Polynésie française (UPF). Documentées par le photographe et explorateur Alexis Rosenfeld, ces missions visent à étudier “les capacités d’adaptation des coraux dans des environnements extrêmes”, comme l’explique l’organisme.

Malgré des conditions particulièrement hostiles — avec des variations de température pouvant atteindre 5°C dans une même journée — les chercheurs ont identifié une dizaine d’espèces de coraux capables de survivre. Une découverte inattendue et porteuse d’espoir, qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles solutions de préservation des récifs coralliens à travers le monde.


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Des fragments de coraux emmenés vers Moorea

Une bouture est un “fragment de végétal que l'on détache de la plante mère et que l'on place dans un milieu où il prend racine et se développe en une plante complète.” (Larousse). Cette technique biologique, connue dans le monde végétal, s'applique aussi aux animaux marins comme les coraux. Ils peuvent ainsi être prélevés, transplantés, puis cultivés dans d'autres environnements.

Dans le cadre de leur recherche, les scientifiques ont décidé de prélever des fragments de ces coraux thermorésistants et de les transplanter à Moorea, une île de Polynésie française pour leur donner un environnement plus stable que celui de l’atoll de Tatakoto. L’objectif est le suivant : observer si ces super coraux conservent leurs étonnantes capacités de résistance dans leur nouvel habitat.

Les premiers résultats sont très encourageants. Les boutures ont survécu et ont encore une fois montré une résilience face à des pics de chaleur et des fluctuations de température. Ces constatations laissent penser que cette résistance n’est pas uniquement due aux conditions particulières du lagon de Tatakoto, mais pourrait bien être une adaptation génétique ancrée chez ces coraux.

Des observations porteuses d’espoir

Si ces méthodes se confirment sur le long terme, elles pourraient ouvrir la voie à de nouvelles solutions pour préserver les récifs coralliens. En admettant que ces coraux thermorésistants transmettent leurs capacités d’adaptation de génération en génération, ils pourraient contribuer à préserver les écosystèmes marins à grande échelle. À l’image d’un “coffre fort biologique”, cet atoll isolé pourrait alors jouer un grand rôle dans la conservation des espèces de coraux