Aujourd’hui, un simple coup d’œil sur Instagram suffit à choisir sa prochaine destination. Une plage cachée, un lac turquoise, un champ de lavande… En quelques clics, on repère les plus beaux endroits du monde. Mais cette nouvelle façon de voyager, influencée par les réseaux sociaux, a un prix. Et ce prix, c’est la nature qui le paie.
Une photo, des milliers de visiteurs
Instagram a changé la manière dont on voyage. Avant, on feuilletait un guide papier ou on demandait des conseils aux proches. Aujourd’hui, on cherche le spot parfait pour la photo parfaite. Un cliché qui fera rêver et récoltera un maximum de « likes ».
Le problème ? On n’est plus les seuls à avoir eu cette idée. Le lieu, souvent isolé et fragile, devient vite un lieu surfréquenté. Des centaines, voire des milliers de personnes s’y rendent chaque jour, attirées par les images partagées sur Instagram.
Prenons l’exemple du village d’Hallstatt, en Autriche. Il ressemble au décor du film La Reine des Neiges, et a vu sa fréquentation exploser. À tel point que les habitants ont installé une palissade pour limiter les selfies et préserver leur tranquillité.
Une nature en danger
Dans les Calanques, près de Marseille, jusqu’à 2 500 personnes par jour piétinent les sentiers. Résultat : l’érosion du sol, la végétation abîmée, les racines des arbres mises à nu. Même les fonds marins sont touchés. Les ancres des bateaux détruisent les herbiers de posidonie, une plante essentielle à la biodiversité marine.
Autre exemple : le Walker Canyon, en Californie. Lors d’un phénomène rare appelé superbloom, des champs entiers de fleurs ont éclos. Mais l’afflux massif de touristes a tout détruit. Les fleurs ont été écrasées sous les pieds… ou les selfies.
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La pression sur les habitants
Le tourisme de masse ne pèse pas que sur la nature. Il bouleverse aussi la vie des habitants locaux.
Les petits villages ou les zones rurales n’ont souvent pas les infrastructures pour accueillir autant de monde : routes engorgées, poubelles débordantes, coupures d’eau… Pour les locaux, c’est l’enfer.
Parfois, les traditions disparaissent peu à peu. Les prix montent. Les logements deviennent inaccessibles. Tout cela pour répondre à une demande touristique toujours plus forte.
Une mise en scène trompeuse
Quand on regarde les photos sur Instagram, on voit des paysages époustouflants, souvent sans personne autour. Mais ce n’est qu’une illusion.
La photographe belge Natacha de Mahieu a voulu montrer l’envers du décor. Dans une série de clichés, elle superpose des dizaines de photos prises en peu de temps. On y découvre des lieux bondés, loin de la tranquillité promise sur les réseaux. Canoës les uns sur les autres, files d’attente pour un selfie, fleurs écrasées…
Ce besoin de prouver qu’on a "vu l’endroit" devient plus important que le respect du lieu lui-même.
Instagram, accélérateur de surtourisme
L’algorithme d’Instagram favorise les photos "instagrammables". Ces clichés très esthétiques sont mis en avant, partagés, likés… et donnent envie d’y aller à son tour.
Mais ce phénomène crée un mimétisme. Tout le monde veut aller au même endroit, faire la même photo, au même moment. Les lieux qui étaient peu connus deviennent alors des « boulevards à touristes ». Et ceux qui étaient déjà populaires deviennent invivables.
Des solutions, pour voyager autrement
Faut-il arrêter de voyager ? Bien sûr que non. Voyager est une chance, une richesse. Mais il est urgent de repenser notre manière de voyager.
Ne pas tout géolocaliser
Quand on poste une belle photo sur Instagram, on peut choisir de ne pas mentionner le lieu exact. Cela évite de mettre en lumière des endroits encore peu connus et donc vulnérables.
Voyager hors saison
Beaucoup de lieux sont saturés l’été. Mais hors saison, ils sont tout aussi beaux, moins fréquentés, et plus agréables à visiter.
Éviter les spots "à la mode"
Si un lieu est très populaire sur Instagram, il y a de fortes chances qu’il soit déjà surfréquenté. Pourquoi ne pas chercher un endroit similaire, moins connu, mais tout aussi magnifique ? Il suffit parfois de marcher 15 minutes de plus pour retrouver le calme.
Respecter les lieux
Cela paraît évident, mais c’est essentiel : ne pas sortir des sentiers, ne rien ramasser, ne rien laisser. Même une fleur cueillie ou une pierre déplacée peut avoir un impact.
Se poser la bonne question
Pourquoi voulons-nous absolument cette photo ? Pour nous ? Pour les autres ? Pour prouver qu’on y était ? Parfois, vivre le moment suffit. Pas besoin de tout partager.
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