Publié le 30 novembre 2025 par Manon Giroux
Voyager en avion : quelle consommation par passager ?

Sociologiquement, du XVIIIᵉ au XXIᵉ siècle, le voyage a tour à tour symbolisé le savoir, la distinction sociale, la liberté puis la mise en scène de soi. Mais qu’en est-il du point de vue écologique ? Longtemps vu comme une ouverture au monde, il soulève aujourd’hui des questions sur son impact environnemental et impose la responsabilité individuelle et collective. Parce qu’aujourd’hui, les voyages en avion représentent 2,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et pèsent sur le réchauffement climatique. ✈️

Comment se décompose l’impact carbone d’un vol en avion ?

L’avion pollue tout au long de sa vie. De l’extraction et le traitement de ses matières premières jusqu'à son démantèlement et son recyclage, en passant par sa fabrication dans les usines, et son utilisation lors des voyages qu’il opère (notamment en matière d’énergie et de carburant).

Le carburant (le kérosène)

Le kérosène est un combustible fossile dont le l’extraction, le transport, le raffinage et la distribution de la ressource génèrent 16 % des émissions de CO2 (dioxyde de carbone), les 84 % restants proviennent directement de sa combustion.

Les traînées de condensation

Parmi les facteurs d'émissions les traînées de condensation, ces rubans blancs que l’on voit derrière les avions sont à prendre en compte. Formées par la vapeur d’eau présente dans les gaz d’échappement qui se condense à haute altitude, elles contribuent à l’effet de serre en piégeant la chaleur dans l’atmosphère.

Heureusement, tous les vols ne sont pas responsables de ces traînées, seuls 2% d’entre eux le sont.

Combien de CO₂ émet un passager selon le trajet ?

Selon l’ADEME (Agence de la transition écologique), un trajet court en avion émet en moyenne 225 g CO₂e par km et par passager et un trajet moyen à long émet en moyenne 178 g de CO₂e par kilomètre et par passager. Pour que vous vous représentiez ces chiffres concrètement :

  • Pour un trajet court : 1 km parcouru = 0,225 g (≈ 225 g) de CO₂e par passager
  • Pour un trajet moyen à long : 1 km parcouru = 0,178 kg (≈ 178 g) de CO₂e par passager
  • Plus la distance parcourue est longue, plus l’impact total augmente proportionnellement, même si l’efficacité du carburant peut légèrement s’améliorer sur les longues distances.

Les vols courts et moyens-courriers 🇪🇺

Pour représenter les vols courts et moyens courriers, prenons deux exemples de trajets au départ de Paris, et à destination de Marseille en France et de Rome en Italie.

  • Paris–Marseille (~775 km) : un passager émet environ 174,4kg de CO₂e sur le trajet.

775 km×0,225 kg CO₂e/km/passager ≈ 174,4 kg CO₂e

  • Paris–Rome (~1 457 km) : un passager émet environ 327,8 kg de CO₂e sur le trajet.

1 457 km×0,225 kg CO₂e/km/passager ≈ 327,8 kg CO₂e

Pour mettre ces chiffres en perspective, pour un trajet Paris – Marseille d’environ 775 km, un passager en avion émet donc environ 174,4 kg de CO₂e, pendant que la voiture avec une seule personne environ 169 kg de CO₂e, alors que le TGV n’émet que 2,27 kg de CO₂e pour le même trajet, ce qui montre à quel point le train reste l’option la plus écologique, après la marche ou le vélo.

Les vols long-courriers 🇺🇸

Prenons l’exemple d’un avion qui va parcourir 5836 km en 8 heures en s’envolant de Paris et en atterrissant à New York.

  • Pour l’aller-retour Paris-New York, un passager émet environ 1,04 tonne de CO₂e sur le trajet.

5836 km × 0,178 kg CO₂e /km /passager ≈ 1 038,8 kg CO₂e ≈ 1,04 t CO₂e

Même si un TGV ne peut pas relier Paris à New York, un trajet en avion émet environ 1,04 tonne de CO₂e par passager, alors qu’un train émettrait pour la même distance seulement environ 17 kg de CO₂e, soit plus de 60 fois moins. 🚄

Pour connaître, à votre tour, l’empreinte carbone de vos déplacements, rendez vous sur le ​​calculateur de l’ADEME qui compare les émissions des différents moyens de transport comme le vélo, la voiture électrique ou thermique et le train, en passant par l’avion, le tout en fonction du nombre de kilomètres à réaliser.

✈️ Le saviez-vous ?

Quand un avion vole avec moins de passagers, son empreinte carbone totale ne diminue pas vraiment, car il consomme presque la même quantité de carburant pour parcourir la même distance. En revanche, l’empreinte carbone par passager augmente, puisque les émissions du vol sont réparties sur un plus petit nombre de personnes. Autrement dit, un avion à moitié vide est moins efficace qu’un avion rempli.

Pour limiter l’impact environnemental du transport aérien, il est donc préférable de remplir au maximum les vols, d’opter pour des appareils récents et plus économes, ou encore de réduire le nombre de trajets en avion.

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Comment réduire son empreinte carbone en avion ?

Si vous n’avez pas d’autres choix que de prendre l’avion, des solutions pour réduire votre empreinte carbone sont envisageables.

Choisir des compagnies plus vertes

Lorsque prendre l’avion est inévitable, vous pouvez limiter son impact en choisissant des compagnies engagées dans une aviation plus responsable.

En France, par exemple, Air France est soucieuse de son impact sur le réchauffement climatique. Pour la compagnie, la consommation de kérosène reste la principale source d’émissions de CO₂, et pour cette raison l’entreprise a décidé d’agir sur plusieurs fronts pour réduire son impact. En parallèle, la modernisation de la flotte permet d’utiliser des avions plus économes en carburant et plus silencieux, tandis que le recours à des carburants durables (SAF) contribue à la diminution des émissions sur le cycle de vie du vol. 

L’éco-pilotage complète ces efforts en optimisant les trajectoires et la consommation de carburant pendant chaque vol. Et ce n’est pas tout, Air France continue même à bord où l'expérience de voyage est plus responsable grâce à une restauration avec des produits 100% d’origine française, ainsi que la suppression des plastiques à usage unique et à une valorisation systématique des déchets. 🥬

Limiter les vols courts et optimiser les trajets

Voyager ne signifie pas forcément prendre l’avion. Il existe des alternatives souvent moins coûteuses que le transport aérien et bien plus respectueuses de l’environnement, comme le covoiturage, le bus ou le train. Certains déplacements peuvent même être évités en privilégiant des solutions simples comme la visioconférence, qui permettent de réduire son empreinte carbone.

La compensation carbone

Si, après plusieurs voyages en avion, votre conscience environnementale se manifeste et que vous souhaitez agir pour la planète, la compensation carbone est comme une belle solution. Il s’agit de soutenir des initiatives éco-responsables afin de “compenser” certaines de vos activités à fort impact. Le processus débute par un calcul de vos émissions, que vous pouvez facilement trouver en ligne, elles sont souvent fournies par des organisations) puis, si vous le souhaitez, vous pouvez acheter un crédit de compensation carbone. Ce crédit sert ensuite à financer des projets environnementaux tels que la reforestation, l’énergie renouvelable ou la restauration d’écosystèmes.

Le saviez-vous ? Selon les chiffres, en France, le secteur des transports représente près de 30 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, et le transport aérien en constitue environ 4 à 5 %.

L’avion reste un moyen de transport très émetteur de CO₂ qui contribue au réchauffement climatique. Même si la meilleure solution reste de réduire le trafic aérien pour les voyages en France et à l'international, d'autres options existent toutefois. En plus, aujourd’hui, il existe de multiples manières de découvrir le monde. C’est à vous d’inventer la vôtre, celle qui fait sens et respecte la planète.

🏞️ D’autres manières de voyager :

Ce Danois a fait le tour du monde, sans jamais prendre l’avion !