Aujourd’hui, de plus en plus de personnes s’interrogent sur le réel impact de leurs déplacements, et notamment sur celui de l’avion. Rapide et pratique, il reste pourtant l’un des moyens de transport les plus polluants. Au-delà du CO₂, l’aviation influence aussi le climat par d’autres effets, rarement abordés, comme les traînées de condensation. Comprendre ce qui se passe dans le ciel, c’est aussi apprendre plus consciemment. ✈️
L'avion pollue tout au long de sa vie
Le collectif pense souvent que seuls les gaz à effet de serre émis pendant un vol sont à l’origine des conséquences de l’avion sur le climat. Or ce n’est pas le cas, c’est bien plus complexe que cela… Il est important de comprendre que l’impact environnemental de l’avion commence bien avant son décollage et continue même après son atterrissage. Dans le cadre de l’étude de l’empreinte carbone des différents moyens de transports, il peut être judicieux d’utiliser le processus appelé “Analyse de Cycle de Vie” (ACV) qui comme son nom l'indique aide à décomposer l’ensemble du cycle de vie d’un appareil.
Si on analyse celui de l’avion qui est polluant, il faut considérer l’extraction des matières premières vouées à sa construction, sa fabrication au sein d’usines ultra-énergivores, son utilisation quotidienne qui implique des tonnes de kérosène brûlées, mais aussi son démantèlement ainsi que son recyclage une fois sa vie terminée. En parallèle d’autres facteurs alourdissent le bilan déjà conséquent. La distance qu’il parcourt (vol court, moyen ou long courrier), le nombre de passagers qu’il transporte, ou encore la quantité de carburant qu’il consomme en font partie.
Tout cela est sans compter que dans le monde entier, c’est entre 200 000 et 220 000 vols qui sont exécutés chaque jour. Si vous souhaitez vous donner une idée de cela, Flight Radar 24 est le site internet qui précise le trafic aérien en temps réel avec une représentation de tous les avions qui circulent dans le ciel. 🌌
L’empreinte carbone d’un vol en avion selon sa distance
En France, l’ADEME estime qu’un trajet en avion correspond à 259 g de CO₂e par kilomètre et par passager. De toute évidence, le bilan carbone d’un vol Paris - Lyon sera moins important que celui d’un vol Paris - New York.
- Un vol court-courrier (entre 500 et 1 000 km) avec un appareil de 101 à 220 sièges émet en moyenne 126 gCO₂e/passager/km. Mais si on prend en compte les traînées de condensation, ces traces blanches laissées dans le ciel qui amplifient l’effet de serre, on grimpe à 230 gCO₂e/km.
- Un moyen-courrier (1 000 à 3 500 km), dans un avion de plus de 220 sièges, génère 97,7 gCO₂e/km, ou 178,4 gCO₂e/km avec les traînées.
- Et un long-courrier (au-delà de 3 500 km), pourtant souvent considéré comme plus « rentable », reste à 83,06 gCO₂e/km, voire 151,66 gCO₂e/km avec l’impact complet des traînées.
Un aller-retour Paris-New York, c’est environ 2,1 tonnes de CO₂ par passager. Cela représente la totalité du “budget carbone” annuel qu’un Français ne devrait pas dépasser s’il souhaite rester dans les limites des +1,5 °C fixées par l’Accord de Paris.
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Les traînés de condensation, une problématique à part entière
Dans le ciel, les longues traînées blanches que les avions laissent derrière eux ne sont pas de simples résidus visibles à l'œil nu. Ces formations, appelées traînées de condensation ou cirrus homogenitus dans le langage scientifique, sont en réalité des nuages artificiels créés par l’interaction entre la vapeur d’eau des réacteurs et les conditions froides de haute altitude.
Loin d’être anodines, ces traînées jouent bien leur rôle dans l’effet de serre. Elles forment en effet une fine couverture nuageuse et piègent ainsi une partie de la chaleur émise par la Terre, à la manière d’une serre, dans l’atmosphère. Et leur impact est peut être même aussi important que celui du CO₂ rejeté par les avions. Au cours d’une rencontre avec Libération, Olivier Boucher, climatologue au CNRS a révélé que “l’aviation est responsable de 3 à 4 % du déséquilibre énergétique mondial” et que ”ces 3-4 % se partagent presque à parts égales entre les émissions de CO₂ et les cirrus issus des traînées”.
Plus simplement, les traînées de condensation doubleraient l’impact climatique des vols. Pourtant, ces dernières ne restent que peu prises en compte dans les bilans carbone officiels des compagnies aériennes.
Face à ce constat, des chercheurs travaillent sur des solutions de réduction, notamment via l’optimisation des trajectoires de vol. L’idée étant d’éviter les zones atmosphériques les plus propices à la formation de ces traînées, comme certaines couches froides et humides de la haute troposphère. Si les progrès sont encore en cours, ils montrent que l’aviation peut (et doit) aller au-delà de la réduction de CO₂ pour limiter son empreinte climatique globale.
Que peut-on faire pour limiter l’impact carbone d’un vol ?
Pour arrêter totalement les émissions de gaz à effet de serre, il faudrait totalement arrêter de prendre l’avion. Or cela est impossible, pour certaines personnes, prendre l’avion est une nécessité qui ne peut être esquivée. En attendant, il est déjà possible de limiter ces GES avec des gestes qui peuvent faire la différence.
D’abord éviter de prendre l’avion pour privilégier le train, lorsque c'est possible, est une très bonne façon d’agir. C’est totalement faisable dans le cadre des voyages à l'intérieur du pays et même à destination des pays frontaliers. Aujourd’hui, depuis Paris, il est existe des lignes de train qui permettent de rejoindre l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et même l' Espagne.
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Ensuite, choisir des vols sans escale est déjà mieux que l’inverse. Si le nombre d’escale est réduit, le trajet et les émissions de gaz à effet de serre aussi. De plus, choisir des compagnies aériennes qui sont plus responsables et tiennent des initiatives vertes en toute transparence sans tomber dans le greenwashing est aussi une solution qui peut, entre guillemets, compenser le fait de prendre l’avion. Enfin, si l’avion est inévitable dans votre situation, vous pouvez tout à fait participer à des projets certifiés de compensation carbone.
Si vous partez en voyage et que vous êtes inquiets quant à l’empreinte carbone de ce dernier, vous pouvez vous rendre sur le site de l’ADEME pour calculer les émissions de carbone de vos trajets.
Il n’est pas toujours simple de savoir quel type de transport privilégier pour réduire son empreinte carbone, ni de mesurer avec précision l’impact environnemental d’un déplacement. Pourtant, si l’on prend à la fois compte des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation de kérosène, des traînées de condensation et des effets hors CO₂, l’impact réel de l’aviation devient difficile à ignorer.
Tous les modes de transport ne se valent pas. Les vols intérieurs, les longs courriers ou encore la voiture thermique sont parmi les plus polluants, tandis que les alternatives bas carbone, comme le train, permettent de limiter le réchauffement climatique.
Connaître les bons ordres de grandeur, comparer les émissions de chaque mode de transport, prendre en compte les chiffres mis à jour, ou s’appuyer sur un guide de voyage écologique peut réellement faire la différence.
Même si l’avion reste parfois nécessaire, agir à son échelle, en réduisant ses trajets, en choisissant des compagnies plus responsables ou en s'informant sur la consommation de carburant, reste un levier concret pour s’engager dans la transition écologique.