Publié le 3 septembre 2025 par Manon Giroux
Champignon mangeur de plastique : un espoir pour l'environnement ?

En septembre dernier, la production mondiale de plastique a dépassé les 400 millions de tonnes par an, tout en sachant que de manière générale un sac plastique finit comme déchets, après avoir été utilisé très brièvement. Et c’est sans compter que de par sa composition chimique, le plastique ne peut se décomposer naturellement. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est présent en masse, notamment dans les océans où se forment des îles de déchets plastiques. Ce n’est pas tout, puisque lorsqu’il commence à se dégrader et se transforme en microplastique, il intègre les écosystèmes et de fait ce que nous consommons au quotidien. Vous l’aurez compris, le plastique est un réel fléau pour l’environnement et notre santé. Mais plusieurs découvertes d’espèces de champignons surprenantes pourraient peut-être simplifier la gestion des déchets plastiques dans les années à venir. 🍄

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La surprenante découverte de champignons mangeurs de plastique

Plusieurs champignons mangeurs de plastique ont été identifiés dans différentes parties du monde : l’un est aquatique, pendant que les autres sont issus des sols et des déchets eux-mêmes. 

Le Parengyodontium album

C’est dans le le gyre subtropical du Pacifique Nord, zone tristement célèbre pour sa concentration de pollution, que le champignon a été identifié puis isolé pour être évalué par les scientifiques. Selon les analyses réalisées, ce champignon aquatique aurait la capacité de dégrader le polyéthylène (PE) en le minéralisant, seulement s'il a préalablement été exposé aux rayons UV du soleil.

Le Pestalotiopsis microspora

À l’autre bout du monde, dans la forêt tropicale de l'Équateur, les chercheurs de l’Université de Yale ont identifié le Pestalotiopsis microspora, une autre espèce de champignon capable de décomposer le polyuréthane, cette fois, et ce même en milieu anaérobie (c’est-à-dire sans oxygène.) Le champignon a même le surprenant pouvoir de transformer cette matière en biomasse.

L’Aspergillus tubingensis

Cette fois-ci, dans une décharge au Pakistan, les scientifiques ont identifié l’Aspergillus tubingensis, un champignon capable, quant à lui, de s’attaquer au polyester et de le dégrader en quelques semaines seulement. Pour ce faire, il produit des enzymes spécifiques qui cassent les liaisons chimiques du plastique. Des travaux menés par l’Institut de botanique de Kunming ont d’ailleurs démontré que ce processus pouvait être optimisé en modifiant certains paramètres comme le pH ou la température.

Comment les champignons décomposent les matières chimiques ? 

La dégradation du plastique par les champignons repose sur un mécanisme enzymatique qui vise à décomposer le plastique. Concrètement, ces micro-organismes libèrent des enzymes, notamment des hydrolases, qui s’attaquent à la structure chimique des plastiques. Ce processus commence par la fragmentation des longues chaînes de polymères en molécules plus petites et solubles.

Une fois décomposées, ces petites molécules servent de source de carbone et d’énergie pour le champignon, qui les transforme en biomasse ou en d'autres composés organiques. Certaines espèces fongiques sont capables de réduire jusqu’à 40 à 60 % du poids des déchets plastiques en quelques semaines. Cependant, l’efficacité de cette dégradation varie en fonction du type de plastique, de l’activité enzymatique et des conditions ambiantes comme la température ou l’humidité. Comme vous l’aurez compris dans la présentation des champignons ci-dessus, chaque espèce fonctionne différemment dans la manière dont ils détériorent le plastique.

Comment les champignons mangeurs de plastique vont-ils être utilisés ? 

Avant que les champignons mangeurs de plastiques puissent être utilisés de manière courante pour réduire les déchets plastiques, la recherche scientifique doit continuer. Il est toutefois d'ores et déjà possible de dire de quelle manière et à quelle fin les champignons pourront être utilisés. 

D’abord pour réduire les déchets dans les décharges et ailleurs, pour filtrer les microplastiques dans les eaux usées ou encore pour concevoir des matériaux plus durables. Des startups comme Biohm ou Fungi Mutarium explorent déjà ces pistes, même si des obstacles techniques restent à franchir avant une application à grande échelle. Ce qu’il faut retenir, c’est que les champignons sont une plausibles solution mais que ce n’est pas pour autant qu’il faut cesser de consommer moins de plastique ou arrêter de sensibiliser le monde à l’impact du plastique sur l’environnement.