On ne dirait pas comme ça, mais l’urine vaut de l’or — avec tous les nutriments qu’elle contient — à tel point qu’elle peut être transformée en un excellent fertilisant pour les sols. Dans ce contexte, l’urine est de plus en plus utilisée : des startups comme Toopi Organics innovent pour développer la récupération à grande échelle, pendant que des communes comme Chatillon adoptent des méthodes pour collecter l'urine de ses habitants, etc. 💛
Pourquoi l’urine est un excellent engrais naturel et bon pour la planète ?
L’urine humaine est un déchet élémentaire qu’il est très facile de se procurer. Même si à première vue, on ne l’aurait pas soupçonné d’être bonne pour un domaine tel que la culture, elle est pourtant une alternative 100% naturelle aux produits industriels souvent chimiques. Elle contient en effet des éléments clés pour la croissance des plantes :
- de l’azote (jusqu’à 90 % des nutriments),
- du phosphore,
- et du potassium ainsi que des oligo-éléments.
C’est un trio d’éléments qui forme une base parfaite pour la croissance des cultures botaniques. Un litre d’urine peut contenir assez de nutriments pour fertiliser un mètre carré de culture, surtout si elle est diluée (souvent à raison d’un volume d’urine pour dix volumes d’eau).
Quels sont les avantages écologiques de cette pratique ?
Utiliser l'urine comme engrais, c’est certes un gage de qualité avec sa caractéristique ultra nutritive mais c’est aussi un geste fort en faveur de l’environnement.
D’abord, valoriser l'urine revient à réduire la charge des stations d’épuration et à participer à une meilleure gestion de l’eau. Ensuite, elle remplace les fertilisants de synthèse communément utilisés dans l’agriculture, dont la production est énergivore et polluante. De plus, l’urine, produite et collectée localement, peut être utilisée dans les jardins ou les cultures alentour, ce qui favorise une économie circulaire bas carbone. Enfin, limiter le recours à l'industrie chimique, c’est encore une fois réduire l’empreinte carbone du secteur agricole.
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Comment utiliser l’urine comme engrais au sein de votre jardin ?
Même si l’usage de l’urine dans le contexte de la fertilisation des sols est simple, économique et durable, il faut tout de même savoir qu’elle impose quelques précautions.
1. Diluer l’urine : une étape essentielle
Même si elle est peu concentrée, l’urine fraîche contient beaucoup d’azote. Dans certains cas, cela peut brûler les racines si elle est utilisée pure. Pour éviter cela, la diluer dans de l’eau est donc indispensable. On recommande un rapport de 1 litre d’urine pour 10 litres d’eau, soit une dilution à 10 %.
2. Choisir le bon moment pour l’application
Le meilleur moment pour utiliser l’urine au jardin est au début de la saison de croissance, lorsque les plantes ont besoin d’un apport important en azote pour se développer. On peut aussi faire des apports d’urine tout au long de la saison, à condition de respecter des quantités modérées et adaptées aux besoins des cultures visées.
3. Appliquer directement au sol, pas sur les feuilles
L’utilisation de l’urine comme engrais naturel se fait par épandage au pied des plantes. On évite de pulvériser sur les feuilles, surtout sur les plantes sensibles aux maladies. L’urine, même diluée, peut contenir des résidus qui, mal utilisés, peuvent fragiliser certaines cultures. L’idéal est d’appliquer l’engrais liquide le matin, avant l’arrosage, pour faciliter l’absorption par le sol.
4. Adapter l’usage selon les types de plantes
Toutes les plantes ne réagissent pas de la même façon à l’urine. Il faut alors éviter de l’utiliser sur les légumes feuilles que l’on consomme crus, comme la laitue, la roquette ou certaines plantes vivaces, à moins que l’urine n’ait été stockée au préalable pour neutraliser les résidus éventuels. Pour les autres cultures, comme celles des arbres fruitiers, les légumes-fruits ou les fleurs, l’urine reste un produit 100 % naturel et très efficace.
🚿 Bonus : une pratique qui favorise l’économie d’eau
Utiliser l’urine comme engrais, c’est participer à une économie d’eau importante. Au lieu de la rejeter via la chasse d’eau (qui utilise plusieurs litres d’eau potable), on la valorise comme un fertilisant naturel, utile pour les jardins familiaux comme pour les cultures en milieu agricole.
Des projets concrets et inspirants
Loin d’être une idée marginale, l’utilisation de l’urine comme engrais prend de l’ampleur avec plusieurs initiatives françaises :
Toopi Organics, une entreprise basée en Nouvelle Aquitaine, récupère depuis 2022, l’urine dans des festivals, des écoles ou des lieux publics, la transforme en biofertilisant et la revend aux agriculteurs.
💡 Le saviez-vous ? Toopi Organics a même installé son projet de filière de recyclage d’urine au Futuroscope !
Dans la commune de Châtillon dans le Loiret, chaque semaine, des familles volontaires déposent leur urine dans des bidons opaques, récupérés ensuite par la ferme des Trois Parcelles dans le Loiret, où l’urine est stockée, traitée, puis utilisée comme engrais naturel.
En France et en Europe, plusieurs écoquartiers intègrent désormais des toilettes à séparation des urines. Ces systèmes récupèrent l’urine à la source, sans mélange avec les eaux grises, afin de la valoriser directement comme engrais naturel. C’est le cas, par exemple, du futur écoquartier Saint-Vincent-de-Paul à Paris, qui prévoit des W.-C. séparateurs dans ses logements.