L'alimentation durable est un concept clé de la transition écologique et représente un des enjeux majeurs de demain. Elle concerne la chaîne alimentaire dans son ensemble et invite à imaginer des modèles qui permettraient de nourrir les êtres humains en quantité suffisante et en qualité, tout en respectant l'environnement, et en restant économiquement viables et rémunérateurs pour les acteurs concernés.
Comprendre les enjeux de l’alimentation durable
Derrière l’alimentation durable se cachent trois piliers intrinsèquement liés :
- Le pilier environnemental, qui implique une production respectueuse et à faible impact.
- Le pilier sanitaire, qui consiste à produire une nourriture saine.
- Les piliers sociaux et économiques, qui incluent l’accessibilité à une alimentation saine pour toutes et tous.
Le pilier environnemental
Alors qu’en 2022, l’agriculture était responsable de 19 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau français, en faisant d’elle le deuxième secteur le plus émetteur, il est essentiel de repenser les modes de production actuels. L’agriculture contribue également à la déforestation, à la dégradation des sols, à la pollution due aux pesticides et, par conséquent, à la perte de biodiversité.
Puisque la production agricole et le transport des denrées constituent les étapes les plus émettrices, il est important d’imaginer de nouveaux modèles agricoles respectueux des ressources naturelles.
À lire aussi :
Les causes du réchauffement climatique
Le pilier sanitaire
Une nourriture saine est synonyme d'une population en bonne santé. Certaines maladies — diabète, cancers, maladies cardiovasculaires — sont directement liées à l’alimentation. De plus, la nourriture influence aussi la santé mentale.
Par exemple, le sucre (notamment transformé) provoque un pic d’énergie pendant une vingtaine de minutes avant de provoquer fatigue et baisse d’attention. Chaque aliment joue un rôle spécifique et les produits ultra-transformés ont souvent des effets néfastes.
“Nous sommes ce que nous mangeons.” Cette phrase, mais aussi l’ouvrage de l’éthologue Jane Goodall qui porte ce titre, rappelle les impacts de l’industrie alimentaire sur la nature, les animaux et la santé humaine.
👨⚕️ Les travaux du Dr Jimmy Mohamed vulgarisent le lien entre alimentation et physiologie et montrent comment nos choix alimentaires influencent le fonctionnement du corps et du cerveau.
Le pilier social et économique
L'alimentation durable repose enfin sur l’accès équitable à une nourriture saine. L’objectif est de permettre à chacun — étudiants, familles précaires, personnes isolées — d’avoir accès à une alimentation suffisante et de qualité.
Le soutien aux producteurs locaux fait partie intégrante de ce pilier. Les circuits courts favorisent l’emploi, réduisent les distances de transport (et donc l’empreinte écologique) et garantissent une meilleure transparence sur la provenance. Ce modèle est fréquent dans les tiers-lieux.
Par exemple, la cantine Yes We Camp à Césure (Paris 5ᵉ) propose des repas locaux et de saison, avec des tarifs adaptés aux étudiants et des cafés suspendus. Un modèle qui allie alimentation durable, lien social et soutien aux producteurs.
Les perspectives pour consommer durable
Dans cette logique, il existe plusieurs pistes simples pour consommer de manière plus durable.
Choisir des produits locaux et de saison
Acheter local — marchés, fermes, AMAP — garantit la proximité des produits et réduit les émissions liées au transport. Les produits locaux respectent également les normes françaises.
Exemple marquant : Hugo Clément a récemment révélé que certaines lentilles importées du Canada présentent des risques sanitaires liés à des herbicides interdits en France.
En choisissant des fruits et légumes locaux, on s’assure aussi de consommer des produits de saison, cultivés dans des conditions plus naturelles.
Privilégier le bio et l’agriculture raisonnée
Le bio repose sur une agriculture raisonnée, encadrée par des règles strictes : pas de pesticides chimiques, respect du climat et des saisons, lutte naturelle contre les parasites, compost pour enrichir les sols, élevage en plein air. Selon l’ADEME, l’idéal serait d’augmenter notre consommation de bio de 30 % à 70 %.
À découvrir :
La Cité Maraîchère : un immeuble à légumes près de Paris
Réduire le gaspillage alimentaire
Il existe des gestes simples pour limiter le gaspillage :
- Se servir plusieurs fois plutôt qu’une grande portion d’un coup,
- conserver les aliments dans des bocaux en verre ou les congeler,
- suivre des recettes pour éviter les quantités excessives,
- faire ses courses plus souvent en petites quantités.
Des initiatives anti-gaspi se multiplient : cantines engagées, boutiques comme Nous Anti-Gaspi, ou encore TooGoodToGo pour récupérer les invendus.
Et pour valoriser les déchets alimentaires, le compost reste une solution efficace.
Adapter sa consommation de protéines
Selon une enquête du Monde (mai 2023), la consommation de viande représente environ 920 kg de CO₂ par an et par Français. Réduire cette consommation est donc un enjeu environnemental majeur.
Le Conseil national de l’alimentation (CNA) encourage une alimentation davantage tournée vers les protéines végétales :
- légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots, soja),
- oléagineux (noix, amandes, graines de courge),
- céréales complètes (quinoa, sarrasin, avoine).
Les réponses possibles
Les initiatives collectives et politiques publiques
De nombreuses initiatives collectives existent : Rencontres de l'Alimentation Durable, projets d’agriculture urbaine, jardins partagés… Il est possible de participer, de cultiver ses légumes, ou encore de devenir bénévole.
Vert même en ville :
Potager urbain : où et comment cultiver ses fruits et légumes en ville ?
La sensibilisation est essentielle : ateliers cuisine (Fondation GoodPlanet), campagnes dans les écoles, actions locales… Informer sur la nutrition, les saisons et les impacts environnementaux aide à changer les habitudes.
Les outils numériques et applications
Plusieurs applications peuvent accompagner une consommation responsable. La plus connue : Yuka, pour analyser la qualité nutritionnelle des produits.
Des plateformes comme La Ruche qui dit Oui ! permettent d’acheter local en ligne directement auprès des producteurs.
Enfin, l’application MyCO2 calcule l’empreinte carbone alimentaire et aide à adopter des habitudes plus respectueuses.
L’implication individuelle
Tout commence par les comportements individuels : consommer dans des supermarchés bio (La Vie Claire, Aurore Market, La Fourche…), privilégier les produits en vrac ou zéro déchet comme dans le concept store Yes Future à Barcelone.
Sensibiliser son entourage, notamment les plus jeunes, permet de diffuser ces bonnes pratiques et d’ancrer durablement une consommation responsable.
Sources :
ADEME — Alimentation durable : enjeux et perspectives
France Inter — Enjeux liés à la viande
Ministère de l’Environnement — Alimentation et environnement