Publié le 19 septembre 2024 par Elodie Santos
voilier au large

Au sein de l’organisation économique mondiale, le transport maritime occupe une place majeure avec près de 11 milliards de tonnes de marchandises traversant les océans en 2019. Ce trafic étant en constante augmentation, les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur ne diminuent pas. Bien au contraire. Alors, comment décarboner le transport maritime ? La propulsion des navires par le vent est une solution. Explications avec Parlons Planète. 🚢

L’impact du transport maritime pour notre planète

D’après l’Ademe, le transport maritime est à l’origine de 3% des émissions mondiales de CO2, soit 1 milliard de tonnes de CO2 émis. Les échanges maritimes étant de plus en plus nombreux, ce taux pourrait augmenter de 50% d’ici 2050 (par rapport à 2018) ! Sans compter l’impact du secteur sur la biodiversité marine…

Bien qu’il ne s’agisse pas du secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre par unité transportée, il est urgent de diminuer drastiquement l’impact écologique du transport maritime. L’Organisation Maritime Internationale (OMI) et ses États membres ont annoncé viser la neutralité carbone du secteur d’ici à 2050. Par ailleurs, l’OMI impose aux navires une amélioration de leur ratio d’efficacité énergétique de 2,5 % par an, et ce depuis 2023.

Du vent et des voiles : une solution pour décarboner le transport maritime

Malgré l’essor des biocarburants, il est nécessaire de trouver d’autres solutions pour engager la transition écologique du transport maritime. L’une d’entre elles est d’utiliser la propulsion par le vent pour déplacer les navires sur les eaux, comme solution seule ou en complément d’une motorisation classique.

La propulsion par le vent est une technique connue de l’humanité depuis plus de 7 siècles, qui se développe de plus en plus aujourd’hui. Les technologies de voiles, d’ailes, de rotors ou de kites sont issues d’innovations mêlant la construction navale, le nautisme, l’aéronautique ou encore le numérique. Le plus grand avantage de cette pratique est qu’elle utilise l’énergie gratuite et renouvelable qu’est le vent pour fonctionner, et qu’elle peut s’adapter aux navires existants. La décarbonation du secteur peut donc d’ores et déjà commencer !

L’exemple de Beyond the Sea

Le navigateur et ingénieur français Yves Parlier est à l’origine de l’innovation Beyond the Sea, créée en 2014. Beyond the Sea a bénéficié du soutien de Team for the planet et propose aujourd’hui des kites pouvant aller de 25 à 200 m2, pour tracter tout type de navire. À bord de son catamaran/laboratoire “Sea Kite”, l’équipe de Beyond the Sea démontre actuellement l’efficacité des kites. Ce système de voile n’encombre pas le pont du bateau et permet d’aller chercher les vents forts en altitude. De plus, ces ailes motorisées peuvent prendre en charge tout ou partie de l’énergie nécessaire à la traction d’un bateau.

Par exemple, un bateau d’une longueur de 400 mètres tracté par une voile de petite surface, de 4 mètres de hauteur seulement, peut économiser en moyenne près de 20% de sa consommation d’énergie journalière, assure Yves Parlier. Cela permet donc aussi de réduire les émissions de GES émises par les navires.


🌊 Cet article peut aussi vous intéresser

Et si l’océan pouvait éliminer encore plus de carbone ? La solution de Carbon Time


Les limites de la traction par voile

La propulsion des navires par le vent donne des ailes à la transition écologique du transport maritime… Néanmoins, quelques limites apparaissent à ce modèle.

D’une part, de nombreuses critiques pointent le fait qu’une voile de kite n’est pas assez puissante pour remplacer à elle seule le moteur d’un bateau. D’autre part, certaines critiques mettent en avant le fait qu’un bateau à voile ne peut atteindre la vitesse d’un navire propulsé par un combustible au fioul, par exemple, ou qu’un cargo-voilier ne pourrait charger autant de marchandises qu’un porte-conteneur classique.

Certes, il est important de connaître les limites de cette innovation, mais n’oublions pas qu’une utilisation de la propulsion par le vent à grande échelle permettrait une forte réduction des émissions de GES dans le secteur !

Alors, un transport maritime durable est-il possible ? En tous cas, les solutions de propulsion de navires par le vent donnent bon espoir. 🪁

Sources :

https://beyond-the-sea.com/