Publié le 15 mai 2025 par Elodie Santos
Marseille

La ville de Marseille a validé la création d’un grand réseau de chaleur renouvelable pour ses quartiers nord. L’objectif : alimenter 50 000 logements d’ici 2032 en combinant trois énergies vertes – la mer, le soleil et la biomasse – afin de réduire à la fois la facture énergétique et les émissions de gaz à effet de serre. On vous en dit plus sur le projet.

Un projet à la mesure de la deuxième ville de France

Depuis le début 2023, Marseille a repris en main sa politique énergétique. Et elle ne fait pas les choses à moitié. La ville prévoit de mettre en place un vaste réseau de chaleur urbain qui couvrira, d’ici 2032, 50 000 logements, principalement dans les quartiers nord et dans le 9ᵉ arrondissement.

Concrètement, il s’agit d’un ensemble de canalisations souterraines transportant de la chaleur (sous forme d’eau chaude) jusqu’aux immeubles, écoles ou hôpitaux. Cette chaleur ne viendra plus du gaz, mais d’énergies propres : la mer, le soleil et le bois. Un cocktail marseillais 100 % local.

Trois sources naturelles pour une énergie plus propre

Zoom sur ces trois sources d'énergie renouvelable qui alimenteront le réseau de chaleur marseillais.

🌊 L’eau de mer

C’est la technologie un peu futuriste du projet : la thalassothermie. Le principe ? On récupère les calories contenues dans l’eau de mer pour chauffer (ou rafraîchir) les bâtiments. Même en hiver, la Méditerranée garde une température relativement stable, et cela suffit à produire de la chaleur grâce à des pompes à chaleur très performantes.

Cette technique n’est pas nouvelle à Marseille. Elle est déjà utilisée dans certains bâtiments modernes, comme ceux du quartier Euroméditerranée. Mais là, l’idée est de passer à l’échelle supérieure, avec une centrale dédiée dans le port du Saumaty, opérationnelle en 2032.

☀️ Le soleil

Marseille est l’une des villes les plus ensoleillées de France. Alors évidemment, l’énergie solaire thermique fait partie de la recette. Contrairement aux panneaux photovoltaïques, ici, ce sont des capteurs thermiques qui récupèrent la chaleur du soleil pour chauffer de l’eau. Cette eau chaude est ensuite injectée dans le réseau de chaleur.

Cela permet de réduire encore plus la consommation de gaz ou d’électricité, notamment en été et à la mi-saison.

🌲 Le bois

Enfin, troisième ingrédient : le bois, ou plutôt la biomasse. Il s’agit de chauffer l’eau grâce à une chaufferie qui brûle du bois provenant de forêts gérées durablement (souvent locales ou régionales). Contrairement au gaz, le bois est considéré comme une énergie renouvelable car il fait partie d’un cycle naturel, à condition qu’on replante ce qu’on coupe.

Cette chaufferie biomasse viendra compléter la production d’énergie lorsque le soleil ou la mer ne suffiront pas, notamment en plein hiver.


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Pourquoi ce projet ?

Changer un système de chauffage dans une grande ville comme Marseille, ce n’est pas une mince affaire. Alors pourquoi se lancer là-dedans ? Pour trois grandes raisons.

1. Réduire la facture énergétique

Aujourd’hui, de nombreux immeubles marseillais fonctionnent avec des chaudières au gaz, une énergie de plus en plus chère. Le réseau de chaleur renouvelable permettra de baisser les factures des ménages d’environ 15 % en moyenne, selon la Ville. Et surtout, comme il utilise des énergies locales et durables, il sera moins sensible aux hausses de prix du gaz et de l’électricité.

2. Protéger la planète

Ce projet s’inscrit dans le cadre du plan "Marseille 2030, Objectif Climat", qui vise à réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 (par rapport à 2019). Remplacer les chaudières à gaz par des énergies renouvelables est une des clés pour y arriver. Le futur réseau marseillais devrait utiliser 79 % d’énergies renouvelables, un chiffre impressionnant.

3. Améliorer le confort et la qualité de vie

Le réseau sera moderne, performant, et surtout mutualisé. Cela veut dire que les habitants bénéficieront d’une chaleur constante, sans panne de chaudière ou de souci de maintenance à gérer individuellement. En plus, les bâtiments publics comme les écoles ou les hôpitaux seront également raccordés, pour un impact large sur le territoire.

Un projet en trois temps

Le déploiement de ce réseau géant ne se fera pas du jour au lendemain. Il est prévu en trois grandes phases :

  1. Dès 2026, les premières canalisations entreront en service dans le 15ᵉ arrondissement. Des équipements clés comme l’hôpital Nord seront raccordés.
  2. En 2029, le réseau s’étendra vers le secteur Castellane – Bricarde, dans le cadre de la rénovation urbaine.
  3. Enfin, en 2030, le 16ᵉ arrondissement sera desservi, grâce à la centrale thalassothermique du port Saumaty, prête pour 2032.

D’autres projets sont déjà à l’étude, notamment vers le quartier de la Rose ou autour des hôpitaux du sud.

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